
Né à Cracovie en 1891 au sein d’une modeste famille juive, Moïse Kisling quitte néanmoins le collège dès l’âge de quinze ans pour entrer à l’École des Beaux-Arts où il devient l’élève du célèbre peintre polonais Józef Pankiewicz (1866-1940), admirateur de Cézanne, de Renoir et fidèle ami de Bonnard.
Encouragé par le maître à se rendre à Paris, Kisling découvre en 1910 le Bateau-Lavoir à Montmartre puis Montparnasse, où il se lie avec nombre de peintres et poètes dont Max Jacob, Cocteau, Braque, Soutine et surtout Modigliani qui devient son ami intime.
En 1912, il séjourne à Céret en compagnie de Picasso et Gris, tandis qu’Adolphe Basler devient son premier marchand. En 1913, il s’installe dans un atelier à Montparnasse rue Joseph-Bara et dès 1914 expose à Prague avec Braque, Picasso et Derain.
La diversité des fréquentations de Kisling joue sans doute sur l’éclectisme de ses premiers tableaux, paysages inspirés des compositions précubistes mais avec un goût de la couleur et un dessin simplifié -qui se révèlent aussi dans les natures mortes- rappelant plutôt Gauguin, tandis que les portraits empruntent à Cézanne et au cubisme. Tendance syncrétiste bien illustrée par le somptueux Nu sur canapé rouge (1917-1918), à la fois décoratif et empreint de mélancolie.
La guerre éclate et Kisling décide de s’engager dans la Légion étrangère où le suisse Blaise Cendrars devient son ami. Blessé lors de la bataille de l’Artois en 1915 puis réformé, il est de retour à Paris, pourvu de 25.000 francs légués par un jeune architecte américain connu au front et mort au combat.
1916 voit sa rencontre avec Renée Gros, fille du Commandant de la Garde Républicaine, qu’il épousera l’année suivante, et un travail régulier avec Modigliani peignant les mêmes modèles comme Jean Cocteau, tandis que l’ami italien réalise plusieurs portraits de Kisling et de Renée.
Entre des voyages en Espagne, en Angleterre, dans le Midi de la France (Saint-Tropez, Sanary), Kisling convoque régulièrement dans son atelier, avec un amour de la vie toujours intact, le Tout-Montparnasse.
Sa première exposition personnelle, chez Druet en 1919, est couronnée de succès et il devient le peintre des Années Folles : très prolifique, il se consacre aux nus féminins, aux portraits et aux fleurs, influencé par Derain, comme tant d’autres dans l’entre-deux-guerres, mais sans renoncer à ses premiers acquis tels que la couleur.
Tandis que ses nus aux formes épurées sont installés sur des divans ou tissus dont la somptuosité évoque l’Orient, les visages de Kisling révèlent le plus souvent une tristesse et une mélancolie proches de ceux de Modigliani : son art vise à créer une atmosphère, souvent dévolue à la beauté de la femme moderne.
Naturalisé français en 1924, Kisling continue de beaucoup voyager, en Hollande, en Normandie et dans le Midi ; à Sanary en Provence, il se fait construire en 1937 une maison dominant la mer, « La Baie ». Peu de temps après l’installation de sa famille, Kisling se voit condamné à mort par l’Allemagne pour ses activités contre le nazisme ; mobilisé jusqu’à l’armistice, il doit s’enfuir ensuite au Portugal, avant de rejoindre en 1941 les États-Unis où il restera durant les années de guerre. Bien accueilli par ses admirateurs et ses amis français en exil, il partage son temps entre New York et Hollywood chez Arthur Rubinstein, se lie avec Michèle Morgan, Jean Renoir, Charles Chaplin et Joseph Kessel, tout en s’investissant beaucoup dans une association venant en aide aux artistes restés en France.
De retour en août 1946, il découvre que son appartement parisien a été pillé mais cela ne l’empêche pas de distribuer aux familles d’artistes le contenu de 48 malles-armoires rapportées d’Amérique.
Arletty qui a posé pour lui en 1933 (Grand Nu sensuel) témoigne en 1988 :
« C’était un être exceptionnel. De cœur. Il travaillait beaucoup mais chez lui il y avait du rire. C’était toujours la fête. Tous les mercredis, il présidait dans son atelier un déjeuner de femmes : Colette de Jouvenel, Eva Bush, Édith Méra… Il y avait toujours aussi des tas de types qui venaient pour le taper. Ils ne s’en allaient jamais sans rien avoir. Chaque fois Kisling sortait du pognon. Il l’avait en lui cette générosité, cet homme-là. C’était une vraie solidarité, une institution avant la lettre. »
De nombreux musées possèdent des œuvres de Moïse Kisling, notamment le Musée du Petit Palais de Genève (fondation Oscar Ghez), le Centre Pompidou à Paris, le Metropolitan Museum of Art et le Brooklyn Museum à New York, ainsi que le Chimei Museum de Taïnan à Taiwan.
(Martine Heudron)
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Joseph Kessel, Kisling : 1891-1953, t.I , 1971 (2e éd.1989)
Kisling et Montparnasse, Galerie Cernuschi, Paris, 21 novembre-31 décembre 1973
Henri Troyat, Kisling : 1891-1953, t.II, 1982
Jean Dutourd, Kisling : 1891-1953, t.III, 1995
Claude de Voort, Kisling : 1891-1953, 1996
Musée de Lodève, 14 juin-2 novembre 2008
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https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cqG57Ek/r5pRejb
http://www.telerama.fr/art/moise-kisling-au-musee-de-lodeve,33496.php
http://www.lefigaro.fr/culture/encheres/2017/04/26/03016-20170426ARTFIG00233-michele-morgan-les-yeux-dans-les-yeux-avec-moise-kisling.php
http://www.huffingtonpost.fr/jerome-stern/montparnasse-bienvenue-peintres_b_1419919.html
http://www.lepoint.fr/culture/la-collection-de-michele-morgan-vendue-aux-encheres-27-04-2017-2123095_3.php
http://larchemag.fr/2012/07/10/284/lhomme-qui-fit-connaitre-soutine-et-modigliani/
http://www.lefigaro.fr/culture/encheres/2016/05/27/03016-20160527ARTFIG00195-moise-kisling-maux-d-ailleurs.php
http://www.baleenfrancais.ch/modigliani-lecole-paris-fondation-gianadda-17845.html
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